Parfois je te dorlote, souvent je te néglige, des fois je te délaisse ou pire je te déteste.
Parfois je te cache, parfois je t’expose, parfois je t’assume, parfois je te nie.

En fait j’n’écoute jamais assez les signes que tu m’envoies.

Tu n’es pas tout as fait à toi, ni tout à fait à moi. Tu n’es pas non plus à celles ou ceux que tu choisis.
En théorie, tu n’appartiens à personne.

Dans les faits, tu es à la société toute entière qui se permettra toujours toute sorte de commentaires.
D’injonctions à ton égard. Objectification en toute subjectivité.
Comportements actuels bien que vétustes : trop habillé, pas assez vêtu.
Trop sexy, pas assez féminin. Trop mince, trop gros, trop poilu, pas assez pulpeux, pas assez souple, passé de date.

Un corps qu’on tèje dans un cortège de préjugés, présumés, prêts, tout prêts.
Dans un cortège que l’on protège, prêt à nous assaillir.

Je te veux libre, affranchi des dictats. Je te veux fort, puissant, intacte.
Mais tu portes malgré toi les stigmates de notre société, les travers de notre héritage.

Qu’importe ce que tu portes, ou ce que tu ressens, tu demeures le reflet de ce que l’on projette sur toi.
Et comme tu es né assigné femme, tu seras doublement jugé, triplement contrôlé.

Erotisé, sacralisé, bafoué. Encore et toujours, des corps à déconstruire.
Décor trop lourd à porter. A corps perdu, tenir la corde, briser l’accord.

Je revendique le droit de mon corps à disposer de lui même, à se mouvoir, à agir, à aimer.
Reprendre le droit sur son territoire, défendre sa bulle, créer son safe space.
Je revendique le droit à disposer de mon poids, à disposer de mes poils.

Mon corps, mon choix.
Apparence, amour, désir, libido, sexualité.
Mon corps, mon droit.
Enfantement, allaitement, avortement, consentement.
Ment Ment Ment M’enferme pas dans tes idéaux, dans tes idées fausses.
Qu’on s’entende : Mon choix. Mon droit.

Me réapproprier mon image, me défaire du droit de cuissage. M’émanciper pas à pas.
De petites batailles en grandes victoires sur moi.

J’ai su te haïr, j’ai appris à t’accepter et peut-être même à t’aimer.

Tout comme moi, tu es loin d’être parfait mais tu es mon partenaire de vie…
Le seul que je ne peux pas crisser aux vidanges, même si j’ai bien eu envie.
Le seul qui ne m’abandonnera pas, le seul qui bat et se bat pour moi.

Je te le dis pas assez mais quelles que soient tes fêlures, tes brisures… Tu fais une ostie de bonne job.
T’es ben plus qu’un emballage, t’es ma coquille, ma béquille, ma cédille.

Tu es mon vaisseau, mon moteur, mon électricité, ma mécanique.
Tu vis en chaque partie de moi, tu bats la mesure autant que tu bâtis ma démesure.

Je te remercie de me porter, de me supporter, de me transporter partout et ailleurs.
Continue de me faire vivre toutes ces expériences, toutes ses choses puissantes.
De donner tous ses sens à mon existence. De me rappeler que je suis ici… vivante.
De vibrer, de frissonner, de ressentir. Continue de t’émouvoir, de pleurer, d’aimer. De battre la chamade.

A corps ouvert, et en dépit de toutes les injustices qu’on te fait subir (on incluant je), MERCI.
Fait que j’te le dis quand même… (pou pou pou pou pou pou) Je t’aime.