La question de l’environnement est devenue planétaire. Au Sénégal et plus largement en Afrique, le rapport à l’écologie est assez ambivalent tant au niveau des politiques gouvernementales que des citoyens.

Dans un récent article Le Monde questionnait Felwine Sarr sur l’existence d’une pensée africaine de l’écologie. Felwine dévoilait alors que « Toute la culture des ancêtres, des mânes, ce qu’on appelle l’animisme, cette « écologie première », nous rappelle que nous ne sommes pas « maîtres et possesseurs » de la nature. Ce que certains ont considéré comme un manque d’esprit de conquête et un retard apparaît, au contraire, comme une sagesse ancienne. (…) Cette piste est très féconde pour repenser notre rapport à l’environnement. » Il y a effectivement un ancrage, une attache forte à la nature et pourtant un gros manque de moyen et d’infrastructure pour résoudre des problèmes cruciaux.

Si certaines initiatives de l’état sont intéressantes sur le sujet environnemental (La Muraille Verte par exemple), on s’étonne du manque d’actions prises sur la gestion des déchets ou encore sur l’utilisation de l’énergie renouvelable. A l’instar des pays occidentaux, on perçoit des contradictions et on sent que derrière la question environnementale se cachent des zones d’ombre, des enjeux politico-économiques qui nous dépassent. (Le film Demain, que j’ai justement visionné au Sénégal, ne saurait me contredire).

La question de l’éducation et le rôle de la jeunesse sont cruciaux. Insuffler le vent du changement, semer des graines du développement durable, former les citoyens de demain plus responsables, plus engagés… Mais tout cela suppose aussi de leur laisser entrevoir un meilleur avenir.

Une horde de Petits Colibris

La voix des jeunes
Crédits photo © Voix Des Jeunes

Le concours Voix des Jeunes, développé par Social Change Factory vise à responsabiliser l’élite émergente en ouvrant leur esprit et en leur inculquant des valeurs essentielles. Ce concours télévisé est destiné aux étudiants de 18 à 30 ans et opère dans trois pays (Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire).

Cette initiative a pour but de stimuler l’esprit de créativité et d’innovation des jeunes autour de problématiques sociétales et civiques. L’objectif : faire de ces jeunes des ambassadeurs du changement positif et des porteurs de solutions sur ces sujets.

Ce concours invite donc les jeunes à réfléchir à des solutions pouvant être implémentées localement pour répondre à des besoins spécifiques. Les jeunes sont également formés à travers des bootcamps sur la gestion de projet. Et quelles que soient les trajectoires, les parcours futurs, ces jeunes seront dans la mesure d’insuffler à leur tour ces valeurs, que ce soit en étant directement engagé ou juste en prenant en compte ces questions dans leur façon de vivre et de travailler.  La vision : « favoriser son bien-être et en servant le bien commun. »

Social Change Factory et Voix des Jeunes défendent ainsi la vision du petit colibri : que chacun fasse sa part pour que le monde progresse dans l’harmonie et le respect de tous et de la nature.

Une Jeunesse Interconnectée et Fusionnée

JIF'AfrikLe mouvement JIF’Afrik (Jeunesse Interconnectée et Fusionnée d’Afrique) mise également sur la jeunesse pour faire bouger les lignes. Il apporte une vision complémentaires en s’adressant à tous les jeunes, quelle que soit leur catégorie sociale et leur niveau d’études. Une façon d’infuser les valeurs d’engagement éco-sociétales de façon plus massive. JIF’Afrik est née àNguekokh il y 3 ans et s’est depuis développé dans plusieurs régions du Sénégal et dans d’autres pays d’Afrique. Leur slogan : « servir pour sévir la pauvreté en Afrique par des actions coordonnées collectives. »

JIF’Afrik se démène avec peu de moyen mais une énergie incroyable sur tous les maux sociétaux et environnementaux. Ils sont adeptes de l’outil pédagogique FAMA (Former, Adapter, Moderniser, Accompagner) pour rendre les jeunes plus autonomes, efficaces et engagés. L’idée : leur donner les clés pour qu’ils deviennent acteur du changement et mettent en place des plans d’actions concrets.

A titre d’exemple, la mise en place d’un potager, destiné à être cultivé par des femmes ; le reboisement de la Réserve de Bandia ou encore la mise en place de poubelles dans la ville de Nguekokh.

Une éducation clef, un espoir ROI

Keur YakaarL’éducation est une véritable clef de voute du développement économique et durable. Keur Yakaar, centre de formation et de tourisme éco-responsable l’a bien compris.

Situé dans la commune de Somone, cet hôtel-restaurant est en même temps un centre d’application pour les étudiants qui se forment aux métiers de l’hôtellerie. Deux années de formation, une cinquantaine de jeunes et à la sortie 2 diplômes : le B.E.P d’état (le Brevet d’Etude Professionnelle) et le D.E.H (Diplôme d’Etude Hôtelière).

Soutenue par Tourism For Help, Keur Yakaar est une formation gratuite pour les jeunes qui viennent de plusieurs communautés rurales de la zone, qui se trouvent souvent dans une situation socio-économique défavorable. Seule initiative du type, c’est un pas en avant dans le combat pour la démocratisation des savoirs et savoir-faire.

Séjourner à Keur Yakaar, c’est donc permettre aux apprenants de mettre en pratique leurs connaissances étudiées en classe et de participer ainsi à leur réussite. J’ai eu la chance de pouvoir discuter avec le directeur de l’école Emile Badji et les élèves. Des échanges très inspirants et porteurs d’espoir à l’image du nom de l’école (Yakaar).

Tournée vers le tourisme responsable, l’école ambitionne également de développer un branche dans l’agroécologie.

Si le chemin est encore long vers une prise de conscience généralisée, des actions de sensibilisation sont de plus en plus fréquentes. Et devant ce paysage aux contours encore flous, des Faiseurs visionnaires s’activent pour faire changer les choses et apportent à leur échelle des solutions. Doucement mais sûrement, ils ouvrent la voie d’une Afrique Durable. 

Engager et former la jeunesse aujourd’hui pour un meilleur avenir demain ! #SoyonsColibris !